Malheur au traître !
M Mons. Vincenzo Paglia
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Évangile (Mt 26,14-25) - A cette époque, l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, se rendit chez les principaux prêtres et leur dit : « Combien voulez-vous me donner pour que je vous le livre ? Et ils lui donnèrent trente pièces d'argent. À partir de ce moment, il chercha l'occasion de lui livrer Jésus. Le premier jour des Pains sans levain, les disciples s'approchèrent de Jésus et lui dirent : « Où veux-tu que nous te préparions pour que tu manges la Pâque ? ". Et il répondit : « Va dans la ville chez un homme et dis-lui : « Le Maître dit : Mon heure est proche ; Je célébrerai la Pâque avec vous et mes disciples'". Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné et se préparèrent pour Pâques. Le soir venu, il se mit à table avec les Douze. Pendant qu'ils mangeaient, il dit : « En vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira. » Et eux, profondément attristés, se mirent chacun à lui demander : « Est-ce moi, Seigneur ? Et il répondit : « Celui qui met la main dans le plat avec moi, c'est celui qui me trahira. Le Fils de l'homme s'en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l'homme est trahi ! Mieux vaut pour cet homme s'il n'était jamais né ! Judas, le traître, dit : « Rabbi, c'est moi ? ». Il a répondu : « Vous l'avez dit. »

Le commentaire de l'Évangile de Mgr Vincenzo Paglia

L'histoire de la trahison de Judas suscite toujours des sentiments de douleur et de perplexité. Juda va jusqu'à vendre son Maître pour trente deniers (le prix de la rançon d'un esclave). Et quelle amertume y a-t-il dans les premières paroles de l'Évangile que nous avons entendues aujourd'hui : « L'un des Douze » ! Oui, l'un des amis les plus proches. Celui que Jésus s'était choisi et qu'il avait aimé et soigné, et qu'il avait également défendu contre les attaques de ses adversaires. Et maintenant, c'est lui qui le vend à ses ennemis. Judas s'était laissé séduire par la richesse et avait ainsi approfondi son éloignement du Maître au point de concevoir puis de réaliser la trahison. Jésus avait d'ailleurs clairement dit : « On ne peut pas servir Dieu et les richesses » (Mt 6, 24). Judas a fini par préférer la seconde. Et il s’est engagé dans cette voie. Mais la conclusion de cette aventure est bien différente de ce qu’il pensait. Et peut-être que l'angoisse a commencé précisément avec le souci de trouver le chemin et le moment pour « livrer Jésus ». Le moment était sur le point d'arriver, il aurait coïncidé avec Pâques, le temps de l'immolation de l'agneau en souvenir de la libération de l'esclavage de l'Egypte. Jésus savait bien ce qui l'attendait : « Mon temps est proche ». Il a demandé aux disciples de préparer le dîner pascal, le dîner de l'agneau, montrant ainsi que ce n'était pas Judas qui "l'a livré" aux prêtres, mais que lui-même "s'est livré" à la mort pour l'amour des hommes. Jésus aurait pu s'éloigner de Jérusalem et se retirer dans un endroit désert. Il aurait certainement échappé à la capture. Mais il ne l'a pas fait. Il est resté à Jérusalem. Et il a décidé de célébrer le dîner au cours duquel les Juifs se souviennent de la décision de Dieu de récupérer son peuple, le libérant de l'esclavage égyptien. La question de l'amour posée par Jésus ce soir-là continue de résonner aux oreilles de chaque disciple, voire de tout homme : la passion de Jésus n'est pas terminée. Et le besoin d’amour naît avant tout chez les pauvres, les faibles, les seuls, les condamnés, ceux dont la vie a été martyrisée par la méchanceté. Et nous devons tous veiller à nous éloigner de cet instinct de trahison caché dans le cœur de chacun. Ce soir-là, Judas aussi, pour cacher son âme aux autres, osa dire : « Rabbi, c'est moi ? ». Interrogons-nous sur nos trahisons, non pour nous laisser écraser par elles, mais pour nous lier encore plus à Jésus qui continue de prendre sur ses épaules les péchés du monde. Le nôtre aussi.