Annonce de trahison
M Mons. Vincenzo Paglia
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Évangile (Jn 13,21-33.36-38) - A ce moment-là, Jésus fut profondément troublé et déclara : « En vérité, en vérité, je vous le dis, l'un de vous me trahira. » Les disciples se regardèrent, ne sachant pas exactement de qui il parlait. Or, l'un des disciples, celui que Jésus aimait, était à table à côté de Jésus. Simon Pierre lui fit signe de savoir de qui il parlait. Et lui, se penchant sur la poitrine de Jésus, lui dit : "Seigneur, qui est-ce ?". Jésus répondit : « C'est lui pour qui je tremperai le morceau et je le lui donnerai. » Et après avoir trempé le morceau, il le prit et le donna à Judas, fils de Simon Iscariot. Puis, après le morceau, Satan est entré en lui. Alors Jésus lui dit : « Tout ce que tu veux faire, fais-le vite. » Aucun des invités ne comprenait pourquoi il leur avait dit cela ; certains pensaient en effet que, puisque Judas tenait le coffre, Jésus lui avait dit : « Achète ce dont nous avons besoin pour la fête », ou qu'il devait donner quelque chose aux pauvres. Il prit le morceau et sortit aussitôt. Et il faisait nuit. En sortant, Jésus dit : « Or, le Fils de l'homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu le glorifiera aussi de sa part et le glorifiera immédiatement. Mes enfants, je suis avec vous pour encore un peu de temps ; vous me chercherez mais, comme je l'ai dit aux Juifs, maintenant je vous le dis aussi : là où je vais, vous ne pouvez pas venir. Simon Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? ». Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre pour l'instant ; tu me suivras plus tard. Pierre a dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je donnerai ma vie pour toi ! Jésus répondit : « Veux-tu donner ta vie pour moi ? En vérité, en vérité, je te le dis : le coq ne chantera que lorsque tu m'auras renié trois fois.

Le commentaire de l'Évangile de Mgr Vincenzo Paglia

Jésus sait bien désormais que son « heure », celle de la mort et de la résurrection, est proche. Des sentiments contradictoires envahissent son cœur : il ne veut pas mourir mais il ne veut pas non plus s'échapper. Mais l'heure de son « départ » de ce monde vers le Père est arrivée. Il est sur le point de quitter ce monde, mais ce petit groupe de disciples qu’il a rassemblés, soignés, aimés, enseignés, continuera-t-il à être ensemble ? Jésus sait que Judas est sur le point de le trahir. Ce disciple ne se soucie pas du fait que Jésus se penche devant lui pour lui laver les pieds. Avec ces pieds lavés, touchés et peut-être embrassés par Jésus, Judas est sur le point de sortir et de le trahir. Avec une tristesse indicible dans le cœur, il dit à tout le monde : « L'un de vous me trahira. » La perplexité prend tout le monde. Ce sont des propos qui choquent tout le monde. Il ne suffit pas d'être physiquement à côté de Jésus, ce qui compte c'est la proximité du cœur et l'acceptation de son projet de salut. Nous aussi pouvons vivre dans la communauté des disciples, suivre les rythmes de la vie des croyants, mais s'il n'y a pas d'adhésion du cœur à sa Parole, s'il n'y a pas de pratique concrète de l'amour pour les plus pauvres, s'il n'y a pas, il n'y a pas communion avec nos frères, si nous n'adhérons pas à son projet d'un monde de justice et de paix, notre cœur s'éloignera peu à peu, notre esprit s'obscurcira peu à peu et nous ne comprendrons plus son rêve d'amour. Évidemment, à mesure que le visage de Jésus s'assombrit, notre « je » grandit de plus en plus. Ce qui était amour pour Jésus se transforme en adoration pour nous-mêmes et pour nos choses. Et il devient naturel de glisser vers la trahison. C’est dans le cœur que se déroule la bataille entre le bien et le mal, entre l’amour et la méfiance. Et il n’y a aucun compromis possible. C'est ce qui est arrivé à Judas. En ces jours, Jésus, plus que nous demander de le servir, nous demande de rester près de lui, de l'accompagner, de ne pas le laisser seul. Au contraire, il nous exhorte à faire attention, à ne pas devenir banal. Essayez de faire comprendre cela aux disciples. Mais eux, à commencer par Pierre, ne le comprennent pas. Ils sont trop occupés avec eux-mêmes pour laisser ces mots toucher leur cœur. C’est d’un cœur qui n’écoute pas que surgit la trahison. Si nous mettons de côté les paroles de l’Évangile, nos paroles, nos pensées, nos sentiments généralement pleins d’ambiguïté prédominent. Et nous devenons aussi capables de trahir Jésus. Nous devons tous être vigilants. Même Pierre et les autres disciples qui restèrent avec lui ce soir-là, professant leur fidélité jusqu'à sa mort, l'abandonnèrent d'abord puis le renièrent quelques jours plus tard. Il ne faut pas se fier à nous-mêmes mais nous confier chaque jour à l'amour et à la protection du Seigneur.